2022-04-28 - (Les trésors collectés par Danielle Crévenat-Werner)

DIALECTE

Les trésors collectés par Danielle Crévenat-Werner

 

 

 


La linguiste et dialectologue Danielle Crévenat-Werner signe le 17 e volume de ses chroniques Ces mots que nous aimons - E Hämpfele üs’m Wortschàtz, consacré cette fois à La Soupe, d’Sùpp.

Danielle Crévenat-Werner, linguiste et dialectologue, a regroupé dans son 17e recueil les chroniques qu’elle a consacrées à la soupe et à tout ce qui s’y rapporte. 125 pages à déguster !

Les dialectes alsaciens sont riches de leur diversité. Danielle Crévenat-Werner, linguiste et dialectologue, le démontre depuis des années, avec ses « Flâneries lexicales » publiées dans L’Ami Hebdo, qui sont régulièrement reprises dans de petits livrets. Le 17e volume, La Soupe/d’Sùpp vient de paraître aux éditions Jérôme Do Bentzinger. 125 pages de chroniques consacrées à la soupe sous toutes ses formes et aux légumes ou légumineuses qui entrent dans les mille et une recettes d’un breuvage universel…

• Des expressions imagées qui donnent toute leur saveur à l’alsacien

« Quand j’ai commencé par ces chroniques, en 2003, c’était déjà avec le mot soupe. En parlant de Brùmmelsùpp… », sourit Danielle Crévenat-Werner. Elle n’est pas restée sur cette « soupe à la grimace », mais a enchaîné, en documentant les variantes, phonologiques, d’un dialecte à l’autre, mais aussi culinaires. Car la soupe de pois n’est pas la même, ni à l’oreille, ni au goût, d’un village à l’autre : « Erbsesùpp à La Petite-Pierre ou Arbsesùpp à Eckwersheim », rapporte-t-elle, « les recettes peuvent varier. »

Son petit livre est truffé d’anecdotes propres à émoustiller les neurones des amateurs de culture générale. Dans la même chronique, l’auteure nous apprend que le Canada est le premier producteur de lentilles au monde et disserte sur cette question existentielle : dans la Genèse, la soupe aux lentilles, d’Lìnsesùpp, préparée par Jacob pour Esaü était-elle un plat de lentilles ou un brouet ?

Pas un repas de fête sans Rìndfleischsùpp ùnn Màrikknepfle. Mais, précise Danielle Crévenat-Werner, « dans la traduction par pot-au-feu, il manque notre spécificité alsacienne, avec les boulettes à la moelle et les raviers de petites salades, d’Sàläätle ! » Elle détaille aussi de nombreuses expressions autour de mots comme Leffel (cuillère) ou schlùrpfe avec ses variantes. Et de rappeler : « La traduction en français demande toute une phrase comme : aspirer bruyamment un liquide dans la bouche. » C’est, à chaque fois, tout un champ lexical à explorer, avec les expressions imagées qui donnent toute leur saveur à l’alsacien.

Au fil des ans, la linguiste va à la rencontre de ses informateurs, en Alsace, de Wissembourg à Ferrette, ou dans différentes régions de l’Allemagne proche. Ceux qui la rencontrent savent qu’elle a toujours un carnet et un crayon dans son sac. « J’aborde des gens et si je sens qu’ils en ont l’envie, je lance la conversation. » C’est ainsi qu’elle s’est un jour retrouvée à disserter sur la fraise en pleine forêt !

Ces mots que nous aimons, E Hämpfele üs’m Wortschàtz , par Danielle Crévenat-Werner.

Volume 17 : La Soupe/d’Sùpp, éd. Jérôme Do Bentzinger, 125 pages, 14 €.

 

J.-C. M.