Bàbbla

Bàbbla

Papoter correspond à bàbbla, qui est phonétiquement proche de babiller, car il évoque en fait le mouvement des lèvres d’enfants émettant des sons comme « ba, bap » appelé babillage. Mais bàbbla signifie aussi bavarder sans avoir la connotation négative de geitscha, qui est souvent associé à l’adjectif dùmm : dùmm geitscha, raconter des bêtises. Le bavard de ce type étant a Geitschi. Mais un bavard se dit aussi a Bàbbler, une commère a Bàbblera ; le bavardage étant d’ Bàpplerèi.

Dans l’expression allitérante : s Bùbbala bàbbelt schùn a bìssala, le bébé babille dèjà un peu, on voit bien que bàbbla est souvent associé au langage innocent des enfants. Si on l’emploie en relation avec des adultes, il n’est pas péjoratif comme geitscha : Ùffem Dìchterwaj z’Mìnschter sìn d’Litt froh gsì ùn han viel mìtanànder gabàbbelt, sur le «Sentier des poètes » de Munster, les gens étaient contents et ont beaucoup papoté les uns avec les autres. Sur ce même sentier, on peut d’ailleurs lire des extraits d’une chanson célèbre de Germain Muller composée en 1963 : « Mìr sìn schiints d’Letschte, ja d’Àllerletschte, vù dënne Lëtze, wo noch so bàbble, wie der Schnàwel ne gewàchse n ìsch ». Nous sommes apparemment les derniers, oui les tout derniers de ces gens pas comme il faut qui parlons encore notre langue maternelle sans laisser personne nous clouer le bec.

« Heckawalsch bàbbla » mentionné dans une pièce de Jules Greber, « D’Màdàm ùn d’Màgd » a le sens de baragouiner, dire des choses incompréhensibles, alors que : Wàs bàbbla ìhr denn do fìr a Kaas ?, se traduira par : Quelles balivernes racontez-vous là ?

Le lecteur voit bien que dans bàbbla, il y a une connotation typiquement alsacienne ou alémanique, moins présente dans verzähla, raconter, redda, parler ou sich ùnterhàlta, s’entretenir, converser.

Nous ne pouvons clore ce bavardage sans évoquer schwatza, fréquent dans le Sundgau, où l’expression, schwatza wia n a Hatzla, correspond à jacasser comme une pie, moins violente cependant que da düet eim a Loch ìm Chopf schwatza, celui-là bavarde sans interruption au point de nous trouer la tête !

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Edgar Zeidler